La vie est trop courte

Dans la voiture qui la ramenait chez Déborah Brooke semblait songeuse. En passant devant la grille du cimetière, Brooke demanda à Déborah de s’arrêter là.

Deb : Tu es sûre ?

Elle hocha la tête.

Brooke : Je rentrerai à pied.

Deb : Brooke, tu viens de sortir de l’hôpital.

Brooke : Le bébé et moi allons bien Déborah.

Elle posa une main rassurante sur le bras de sa belle-mère.

Brooke : Je vous appelle si je ne me sens pas capable de rentrer.

Deb accepta devant l’air résigné de Brooke. Celle-ci sortit de la voiture et se dirigea vers l’entrée du cimetière. Déborah la regarda partir en songeant à son fils.

Déborah était au téléphone.

Deb : Tu ne viendras donc plus jamais à Tree Hill ?

Nathan : Maman, on en a déjà parlé. Et puis en faite, je crains que Brooke doive éviter les voyages pendant quelques temps.

Déborah fronça les sourcils sans comprendre.

Deb : Elle est malade ?

Elle entendit le sourire de son fils.

Nathan : Non, mais elle risque bien d’avoir quelques nausées pendant les mois qui vont venir.

Déborah sembla comprendre.

Deb : Oh mon Dieu ! Est-ce bien ce que je pense ?

Nathan : Oui maman. Dans peu de temps tu seras grand-mère. Elle revient de chez la gynéco et elle a confirmé que Brooke est enceinte de cinq semaines.

Déborah sentit une larme de bonheur rouler le long de sa joue.

Deb : Je suis tellement contente pour vous mon ange.

Nathan : Maman tu n’es pas en train de pleurer quand même ?

Deb sourit entre ses larmes.

Deb : Mon bébé qui va avoir un bébé, s’est une nouvelle si… merveilleuse.

Nathan : Ouais je sais. Tu viendras à Los Angeles nous dispenser quelques conseils ?

Deb : Bien sûre.

Malgré cette demande, elle ne revit jamais son fils. Nathan étant trop occupé, il était prévu qu’elle aille à Los Angeles seulement la semaine prochaine. Entre temps il était mort et bien évidemment tous les projets avaient changés. Elle n’était pas mécontente d’avoir Brooke chez elle. C’était la belle-fille idéale. Seulement elle aurait encore préféré que Nathan ne revienne pas ici dans un cercueil. Elle démarra et rentra chez elle.

Brooke approcha de la tombe de Nathan et vit Haley assise devant en train d’effeuiller une des fleurs que Brooke et elle avaient amenées. Haley ne l’entendit pas venir.

Brooke : J’étais sûre de te trouver là.

Haley releva la tête. Brooke remarqua alors les sillons qui avaient été tracé sur son visage par les larmes qu’elle avait dû verser.

Haley : Que fais-tu là ? Tu ne devrais pas être à l’hôpital ?

Haley alla pour se lever, mais Brooke lui fit signe de ne pas le faire et s’aida de l’épaule de Haley pour s’asseoir à ses côtés.

Brooke : Les docteurs ont dit que je pouvais sortir. C’était rien de méchant. Je crois juste que le bébé n’a pas aimé voir son oncle et sa marraine se disputer. Surtout devant la tombe de son papa.

Haley baissa les yeux.

Haley : Je suis désolée, j’aurais dû me contrôler.

Il y eut un silence.

Brooke : Il serait temps de parler de ce qui te ronge Haley.

Haley ferma les yeux.

Haley : Je ne veux plus en parler.

Brooke : D’après Peyton, ça a bouleversé Lucas. Si ce que tu lui as dit a eu cet effet sur lui, je n’ose imaginer ce que c’est en train de faire à l’intérieur de toi.

Haley la regarda et les larmes se remirent à couler. Brooke lui prit la main et la serra très fort pour lui montrer qu’elle était là. Dans une inspiration, Haley lui raconta tout. Brooke l’écouta silencieusement, sentant son cœur se serrer devant une pareille révélation. Quand Haley eut fini, son amie la prit dans ses bras, comme elle-même l’avait fait quelques semaines plus tôt dans la chambre de Nathan. Une fois les larmes d’Haley séchées, Brooke lui posa quelques questions.

Brooke : Nathan le savait ?

Haley secoua la tête.

Haley : Il savait que j’étais amoureuse de Lucas, mais il n’a jamais rien su de ce qu’il s’est passé ce soir-là. J’ai dû ruser pour éviter de lui en parler car après la révélation de Lucas il a voulu à tout prix savoir comment tout ça s’était passé.

Brooke baissa les yeux.

Brooke : Alors depuis tout ce temps, tu as tout gardé pour toi ?

Haley regarda la tombe de Nathan.

Haley : J’avais trop peur qu’il me regarde différemment. Je crois que Nathan aurait tué cet homme de ces propres mains.

Brooke : Tu pourrais aller porter plainte.

Haley regarda Brooke puis sourit avec ironie.

Haley : Je t’en pris Brooke, ça fait sept ans. Tu crois vraiment qu’ils retrouveront ce type ?

Brooke : Peut-être, qui sait.

Haley : J’étais tellement saoule que je ne sais plus ce qu’il s’est vraiment passé. Qui sait si je ne lui ai pas fait passer un message par mon attitude.

Brooke : Eh ! Je refuse d’entendre ce genre de choses. Ce n’était pas ta faute !

Haley regarda le ciel.

Haley : Je crois qu’aujourd’hui, la seule chose dont j’ai besoin c’est d’oublier.

Brooke lui prit la main.

Brooke : Je pense que le fait d’en avoir parler va t’aider maintenant. Si tu le veux, on peut retourner à Los Angeles.

Haley la regarda étonnée. Puis elle regarda la tombe de Nathan.

Haley : Non, c’est ici que son enfant doit naître. Nathan aimait tellement Tree Hill. On y a vécu des choses si formidables.

Elle se mit de nouveau à pleurer. Brooke la prit dans ses bras et laissa couler ses larmes à son tour.
Elles rentrèrent ensuite chez Déborah et Haley demanda à Brooke de ne rien dire à personne.

De son côté, Lucas s’était réfugié dans son ancienne chambre, chez sa mère. Karen ne fut pas vraiment surprise de le trouver ici. Lucas revenait souvent dans sa chambre dans les moments de blues ou lorsqu’il était en panne d’inspiration. Elle sut rien qu’en le voyant que ce n’était pas l’inspiration qu’il cherchait à cet instant. Il était assis sur son lit et avait ramené ses genoux vers sa poitrine. Une photo de lui, Nathan et Haley était posée à côté de lui. Karen s’assit sur le lit de Lucas.

Karen : On dirait que mon fils a le cafard.

Il essuya ses yeux.

Lucas : Si ça ne pouvait être que ça.

Karen : Peyton m’a appelée en me demandant si je savais où tu étais. Je lui ai dit que je la rappellerais dés que je me serais assuré de ta présence ici. Elle semblait très inquiète à ton sujet.

Il ne répondit rien.

Karen : Si tu me parlais de ce qui te plonge dans cet état depuis quelques mois.

Lucas : Il y a Nathan pour commencer, le fait que se soit lui qui soit mort et pas moi.

Karen : Pourquoi faudrait-il que ce soit toi ?

Lucas : Parce que c’est moi l’horrible frère. Parce qu’il était un joueur formidable et qu’il allait être papa. Il avait une vie si réussie alors que la mienne…

Karen : Tu trouves que ta vie ne vaut pas la peine d’être vécu ? Tu trouves que moi, et Lily et Peyton on n’est pas assez bien pour nous épargner la douleur de te savoir mort à la place de Nathan ?

Lucas : Ce n’est pas ça mais…

Il ne sut que répondre.

Lucas : Il me manque tellement. J’ai l’impression de ne plus vivre, mais je sais aussi que je n’ai pas vraiment le droit d’aller mal.

Karen : Pourquoi ?

Lucas : Parce que je n’ai rien fait pour lui prouver à quel point je l’aimais quand il était encore en vie.

Elle lui caressa la joue.

Karen : Je comprends ce que tu ressens, mais cela ne doit pas te plonger dans la culpabilité. Prends ça comme une leçon que la vie te donne : Il ne faut jamais laisser ceux qu’on aime filer.

Elle regarda son fils baisser la tête.

Karen : Je ne peux pas te dire le contraire Lucas, pour Nathan c’est trop tard… mais il y a encore Haley.

Il la regarda.

Karen : Peyton m’a expliquée que vous aviez parlé elle et toi.

Lucas : J’ai fait quelque chose d’horrible.

Karen : Je suppose que tu ne peux pas me dire ce que c’est, mais quoi que se soit, ne te plonge pas dans cette fatalité dans laquelle tu t’es plongé après le départ de Nathan. Va voir Haley.

Lucas : Ce que j’ai fait c’est impardonnable Maman. Pire encore que ce que j’ai fait à Nathan.

Karen : L’as-tu vraiment voulu ce qui est arrivé ?

Lucas : Non.

Karen : Alors ça ne peut pas être impardonnable.

Lucas : Je l’ai abandonnée au moment où elle avait le plus besoin de moi.

Karen : Personne n’est parfait Lucas. Et c’est ce qu’une vraie amie devrait savoir. Je suis sûre que Haley souffre, mais si elle a un jour été ton amie, je veux parler d’une amie véritable, elle saura te pardonner.

Elle mit une main sur le genou de son fils puis s’en alla dans un sourire réconfortant.

Lucas décida de rentrer chez lui quelques heures après. Mais avant, il fit un détour par la maison où son frère avait vécu pendant 17 ans. Il était 21 heures. Lucas hésita à sonner. Il finit par s’asseoir sur le palier de la maison et attendit. Il ignora combien de temps il resta là, mais au bout d’un moment, il entendit une fenêtre à l’étage s’ouvrir. Brooke, qui était en train de fermer les volets, l’aperçut. Elle descendit et le rejoignit sur le palier, enveloppée dans un long gilet. Elle s’assit à côté de lui. Il la regarda au bout d’un long moment.

Lucas : J’étais venu pour parler à Haley et puis, je me suis demandé ce que je pouvais bien lui dire.

Elle baissa les yeux.

Brooke : Pour l’instant, je te conseillerai de ne rien dire. Haley ne va pas très bien.

Il hocha la tête pour dire qu’il comprenait.

Lucas : Elle t’a tout raconté ?

Brooke : Oui.

Lucas : C’est bien.

Il y eut un silence.

Lucas : Je m’en veux tellement.

Brooke : Il ne faut pas.

Il la regarda un peu surpris qu’elle ne lui en veuille pas. Elle s’en rendit compte.

Brooke : Je comprends la colère de Haley. Elle s’est sentie trahie elle aussi. Mais au fond d’elle je suis sûre qu’elle sait aussi bien que moi que tu n’es pas responsable. Tu n’étais pas là pour la sauver certes, mais Nathan non plus.

Lucas : Mais ce n’est pas Nathan qui l’a poussée à boire et à se retrancher dans ce vestiaire.

Brooke : Non, c’est sûr. Mais tu ne peux pas te reprocher d’avoir eu cette place si spéciale dans le cœur de Haley au point qu’elle n’ait pas supporté de te voir avec une autre.

Il la regarda en comprenant que Haley lui avait parlé des sentiments qu’elle avait pour lui.

Lucas : Pour ça aussi je m’en veux.

Brooke : De quoi ?

Lucas : De n’avoir pas vu qu’elle était amoureuse de moi.

Brooke sourit.

Brooke : Elle était comme ta sœur. Ce n’est pas que tu ne l’as pas vu, c’est que tu ne pouvais pas le voir.

Lucas : Ca aurait pourtant peut-être tout changé. Si j’étais tombé amoureux d’elle moi aussi, je n’aurais pas pris Peyton à Nathan et il serait resté là.

Brooke : Et il n’y aurait pas ce petit être qui grandirait en moi.

Il la regarda.

Brooke : Oui, un choix, un seul, peut changer toute une vie. Seulement toi tu n’as pas choisi d’aimer Peyton. Les sentiments ça ne se contrôle pas Lucas. Alors non, tu n’aurais pas pu choisir de tomber amoureux d’Haley plutôt que de Peyton. Dis-toi bien que c’était le destin. Ce même destin qui ce jour-là a mis un camion sur la route de Nathan.

Il ferma les yeux douloureusement. Elle lui prit la main avec des larmes dans les yeux.

Brooke : Il t’aimait ça je n’en doute pas, tout comme Haley t’aime. Laisse-lui du temps.

Il la regarda.

Lucas : Du temps, j’en ai trop laissé filé et ça m’a coûté mon frère.

Une larme coula sur la joue de Brooke.

Brooke : Je comprends. Prouve-lui juste que tu es toujours là malgré tout.

Il approuva silencieusement. Puis il sortit un bracelet de sa poche.

Lucas : Tu as raison, dans ce cas, tu peux lui donner ça de ma part ?
Il lui tendit et elle le saisit. Elle regarda l’inscription qui avait été inscrite sur le bout de cuire d’une main enfantine : « à la vie ». Il se leva et regarda Brooke.

Lucas : Mon frère avait vraiment beaucoup de chance de t’avoir.

Il s’en alla sous le regard ému de Brooke

Elle rentra au bout de quelques minutes et monta à l’étage. Elle alla jusqu’à la chambre de Haley. Celle-ci avait un crayon à la main et tentait vainement de trouver des mots pour traduire ce qu’elle ressentait tout ça bien sûr, en faisant des phrases destinées à être chantées. Brooke l’observa un moment avant que son amie ne remarque sa présence.

Haley : J’étais persuadée que tu étais déjà couchée, je t’ai entendu fermer les volets tout à l’heure.

Brooke s’approcha du lit.

Brooke : Oui, mais en regardant par la fenêtre j’ai vu Lucas qui était assis sur le palier.

Haley la fixa, attendant qu’elle continue.

Brooke : Il cherchait quoi te dire. Je lui ai conseillé de te laisser tranquille quelques temps.

Haley : Tu aurais du lui conseiller de me fiche la paix pour de bon plutôt.

Brooke : Non, ça je ne peux pas. Il m’a demandé de te remettre ça.

Elle lui tendit le bracelet. Haley hésita puis le saisit. Elle avait immédiatement reconnue l’écriture sur ce bout de cuire, puisque c’était la sienne. Brooke s’en alla en jetant un coup d’œil à Haley pour voir sa réaction.
Haley resta un long moment à fixer le bracelet. A une époque, il représentait tant pour elle.

Lucas se pencha par-dessus l’épaule de Haley qui était assise par terre au pied du banc qui était situé sur le terrain de basket. Elle s’en servait comme table.

Lucas : Allez, montre-moi.

Haley : Non, attends je n’ai pas fini.

Nathan shoota et marqua le panier.

Nathan : Fiche lui la paix Lucas.

Le petit blond se retourna vers son frère. Celui-ci lui lança le ballon qu’il rattrapa. Ils entreprirent de jouer quand Haley s’écria.

Haley : J’ai fini !

Les deux gars s’approchèrent. Elle leur tendit deux bouts de cuir qu’ils saisirent. Nathan lut ce qu’elle avait inscrit dessus.

Nathan : A la vie ?

Lucas fronça les sourcils.

Lucas : L’expression correcte ce n’est pas « à la vie, à la mort » ?

Haley : Peut-être, mais moi je ne veux pas qu’on parle de mort. Notre amitié durera toute la vie. Je ne veux pas qu’on meurt.

Nathan et Lucas la regardèrent avec compréhension, ils savaient à quel point Haley avait peur de la mort. Nathan la prit par l’épaule.

Nathan : Tu as raison et comme on n’a qu’onze ans, on a un sacré petit bout de temps pour profiter les uns des autres.

Haley sourit.

Haley : J’aimerais tellement être votre vraie sœur.

Lucas lui sourit.

Lucas : On n’a pas besoin d’avoir le même sang pour t’aimer comme notre sœur.

Elle avait toujours pensé que pour Nathan et Lucas ce genre de symbole ne voulait rien dire. Lucas venait de lui prouver le contraire, il l’avait gardé pendant plus de dix ans. Elle-même ne savait pas ce qu’elle en avait fait. Ses parents l’avait probablement mis à la poubelle quand ils avaient déménagés cinq ans auparavant. Elle tritura le bracelet entre ses mains. « A la vie ». Pourquoi tout l’espoir qu’il y avait dans ce mot à l’époque où elle l’avait écrit avait aujourd’hui disparu ? Pourquoi lui avait-on prit la vie de son meilleur ami, l’avait-on éloigner de celle de son autre meilleur ami et briser la sienne ? Elle se coucha, le cœur lourd.

Malgré le message que Lucas avait voulu lui faire passer, Haley n’accepta pas de lui parler. Et pourtant il venait très régulièrement chez Déborah pour essayer de la voir. Brooke tentait sans cesse de la pousser à aller lui parler, mais elle refusait. C’est ainsi, que Haley resta cloîtrée presque tous les jours chez Déborah à écrire des chansons. Jusqu’au jour où, Brooke ressentit les premières contractions. Haley était paniquée quand Brooke le lui annonça. Heureusement que Déborah gardait son calme. Elle conduisit les deux filles jusqu’à l’hôpital où Brooke attendit quelques heures avant que le col de l’utérus soit assez dilaté pour aller en salle d’accouchement. Ce fut Haley qui l’y accompagna.

Brooke respirait très fort sous les conseils de Haley qui lui tenait la main.

Haley : Souffle.

Cela faisait maintenant plusieurs heures que Brooke tentait d’expulser le bébé, mais le petit ne semblait pas décidé. La future maman semblait de plus en plus fatiguée. Quand le médecin lui commanda de pousser encore une fois, elle se mit à pleurer.

Brooke : Je ne peux plus.

Haley : Bien sûre que si. Encore un effort.

Brooke : Je veux que Nathan soit là. Je ne veux pas accoucher sans lui.

Haley sentit à son tour les larmes venir.

Haley : Je t’en prie Brooke, il faut que tu gardes le moral pour cet enfant.

Brooke : Je n’y arriverai pas. Pas sans lui. Je ne veux pas vivre seule avec un enfant.

Haley : Tu ne seras pas seule.

Le médecin regardait le monitoring qui contrôlait les battements du cœur du bébé et remarqua qu’ils faiblissaient lentement. Il jeta un œil à l’infirmière.

Le médecin : On va devoir faire une césarienne.

Haley regarda Brooke qui était visiblement à bout de force.

Le médecin : On va vous faire sortir.

Brooke : Non, reste avec moi.

Le médecin : Elle ne peut pas, c’est une intervention, le champ doit être stérile et vous être trop fatiguée pour mettre cet enfant au monde par la voix normale.
Haley lâcha la main de Brooke et sortit à contre-cœur. Elle rejoignit la sortie où l’attendait Deb tout en enlevant son bonnet.

Deb : Alors ?

Haley vit que Lucas, Peyton et Karen étaient là à attendre aussi. Elle évita le regard de son ancien ami.

Haley : Ils vont lui faire une césarienne.

Deb : Quoi ?

Haley : Elle est épuisée et elle me dit qu’elle ne peut pas accoucher sans Nathan à ses côtés.

Lucas ferma les yeux, puis les rouvrit.

Lucas : Je veux aller lui parler.

Elle le regarda.

Haley : J’ai déjà essayé de la convaincre.

Lucas : Laisse-moi essayer… pour Nathan.

Elle alla pour répliquer quelque chose quand elle réalisa que ce n’était pas le moment. Elle hocha la tête et tous les deux s’équipèrent pour retourner là-bas.

Ils rentrèrent dans la salle après avoir obtenu l’accord du médecin de tenter de la convaincre de faire un dernier effort. Lucas s’approcha d’elle.

Lucas : Eh… Haley m’a dit que tu laissais tomber.

Elle le regarda avec ses yeux rouges.

Brooke : Je n’ai pas la force Lucas. Il me manque trop.

Lucas : A moi aussi il me manque. Mais tu connaissais Nathan aussi bien que moi. Tu sais qu’il ne voudrait pas que tu abandonnes ainsi.

Brooke : Pourquoi ? Il m’a bien abandonnée lui.

Haley s’approcha à son tour.

Haley : Tu sais aussi bien que moi que s’est faux Brooke. Il voulait cet enfant, il le désirait tellement. Je suis sûr qu’il aurait donné tout ce qu’il possédait pour pouvoir être avec toi en cet instant.

Lucas : Elle a raison. Comme tu me l’as dit toi-même c’est le destin qui a fait que Nathan a perdu la vie dans cet accident. Mais il a aussi laissé une partie de lui avant de mourir. C’est cet enfant. Donne lui une chance. Donne nous à tous une chance de connaître cette partie de Nathan. Et surtout, je vais te paraître égoïste mais donne-moi une chance d’exister encore pour Nathan ou du moins pour son enfant.

Brooke le regarda.

Lucas : Tu ne seras pas seule Brooke, Haley et moi on est là.

Il jeta un regard à Haley et celle-ci prit la main de son amie.

Haley : Oui, on sera là.

Brooke hésita puis hocha la tête. Le médecin s’approcha.

Le médecin : Vous sentez-vous assez en forme pour pousser Brooke ?

Brooke : Oui. Est-ce que le bébé va bien ?

Le médecin : Je ne vous cacherai pas que son rythme cardiaque est un peu trop faible à mon goût. Donc j’aimerais autant que l’on sorte ce petit être rapidement.

Brooke : D’accord.

Lucas regarda le docteur.

Lucas : On peut rester ?

Il hocha la tête et retourna à sa position pour accueillir le bébé. Brooke poussa de toutes ses forces et au bout de dix minutes, le médecin aperçut la tête de l’enfant. Après un ultime effort il dégagea l’enfant et coupa le cordon ombilical. Il emmena l’enfant à l’autre bout de la salle pour l’examiner. Brooke regarda Haley et Lucas qui étaient côte à côte.

Brooke : Comment va le bébé ?

Haley jeta un coup d’œil vers le fond de la pièce et trouva que le bébé avait une couleur un peu trop pâle. Lucas le remarqua aussi et tous les deux échangèrent un regard inquiet. Brooke s’en rendit compte et sembla paniquer.

Brooke : Dites-moi ce qu’il se passe.

Haley s’approcha d’elle et lui prit la main.

Haley : Ils s’occupent du bébé.

Brooke : C’est une fille ou un garçon ?

Haley regarda de nouveau vers l’enfant.

Haley : C’est une fille.

Une larme coula sur la joue de Brooke.

Brooke : On a une fille ? C’est… c’est merveilleux… dis-moi qu’elle va bien.

Le médecin donna une claque à l’enfant pour le faire pleurer et c’est avec soulagement qu’ils entendirent son cri. Brooke ferma les yeux puis les rouvrit quand le médecin posa la petite sur elle. Brooke la regarda visiblement très émue. Lucas et Haley étaient eux-même au bord des larmes. Le bonheur de voir cette vie arriver contrastait avec la douleur que tous les trois ressentaient depuis la mort de Nathan.
Brooke fut amenée dans une chambre et la petite fut lavée. Une fois tout cela fait, Brooke admira sa fille.

Brooke : Elle a les yeux de Nathan.

Lucas : C’est exactement ce que j’étais en train de me dire.

Elle le regarda puis posa de nouveau son regard sur son bébé.

Brooke : J’avais tellement peur qu’elle n’ait pas quelque chose de lui.

Haley caressa la tête de l’enfant.

Haley : Elle aura tout ce qu’il avait de bon.

Brooke prit la main de son amie.

Lucas : Tu as déjà pensé à un nom ?

Brooke : En faite, Nathan était tellement persuadé que se serait un garçon, qu’il n’a proposé que des noms masculins.

Lucas sourit.

Lucas : Un vrai père macho.

Haley regarda la petite.

Haley : Je suis sûre qu’il aurait adoré avoir une fille.

Brooke : Oui, et j’ai peut-être une idée de nom qui lui aurait plu.

Brooke était allongée dans le lit. Nathan la rejoignit et regarda le livre qu’elle était en train de lire.

Nathan : La nuit des temps ? Tu sais que c’est mon livre préféré ?

Elle le regarda surprise que Nathan ait un livre préféré étant donné qu’elle ne le voyait jamais lire.

Brooke : Tu aimes René Barjavel ?

Il la regarda en souriant.

Nathan : Non, j’aime ce livre seulement. En fait c’est le seul roman que j’ai lu de cet auteur.

Brooke sourit.

Brooke : Tu l’as bien choisi, c’est le meilleur qu’il ait écrit.

Il se sentit soudain mal à l’aise.

Nathan : On me l’a conseillé.

Brooke : Oh, qui est cette personne de goût avec qui je m’entendrais sûrement très bien ?

Il baissa les yeux.

Nathan : Mon frère…

Brooke comprit qu’elle avait fait une erreur en insistant ainsi. Il lui jeta un regard.

Nathan : C’est une belle histoire en tout cas.

Brooke : Oui.

Il se tourna pour se coucher.

Brooke : Nath’ je ne voulais pas…

Il se tourna vers elle et posa un doigt sur sa bouche.

Nathan : Je suis content qu’on ait quelque chose de plus en commun. Tu me feras découvrir d’autres romans ?

Elle sourit.

Brooke : Bien sûr.

Il lui déposa un baiser sur la bouche et se coucha.

Brooke prit la main du bébé.

Brooke : Il adorait le roman « La nuit des temps ».

Elle jeta un regard à Lucas dont les yeux se mirent à briller. Haley elle-même savait que c’était Lucas qui avait fait découvrir ce livre à Nathan. C’était le premier qu’il avait accepté de lire et il avait passé des journées le nez plongé dedans.

Lucas : Eléa…

Brooke sourit. Lucas l’avait comprise. Eléa avait été l’incarnation de la femme parfaite pendant des années pour Nathan et lui. Cette héroïne qui restait fidèle à l’homme qu’elle avait toujours aimé, même en le croyant mort. Haley n’avait cessé de leur répéter que ce livre était pour les filles romantiques comme elle, mais ils avaient affirmés que c’était ce genre de femme qu’ils désiraient.

Brooke : Voici Eléa Scott.

Tous les trois sourirent. C’est ce moment que choisirent Deb, Peyton et Karen pour rentrer.

Deb : Je peux venir voir ma petite-fille ?

Brooke : Bien sûre, entrez.

Deb, fut très émue de voir ce petit de chou qui ressemblait tant à son fils. Au bout de quelques minutes, une infirmière entra et annonça qu’il y avait beaucoup trop de monde dans la pièce. Haley préféra laisser sa place. Lucas la suivit des yeux et après un regard à Peyton, il sortit à son tour.

Il suivit Haley jusqu’au distributeur de café et se servit un café bien serré pour le remettre de cet instant éprouvant qu’ils venaient tous de vivre. Haley regardait par la fenêtre tout en buvant son propre café. Il vint à ses côtés.

Lucas : C’est étrange.

Elle lui lança un regard hésitant.

Haley : Quoi ?

Lucas : De se retrouver ici, pour un moment si joyeux et de ressentir tant de peine.

Elle le regarda, surprise qu’il ressente également la même chose qu’elle.

Lucas : Tu sais Haley, il me manque terriblement. Et j’espère vraiment avoir une place dans la vie de sa fille.

Haley : Ca ne tiendra qu’à Brooke.

Elle se tourna vers lui pour le regarder.

Haley : Ce que tu as fait pour Brooke aujourd’hui, c’était vraiment… bien. Mais quoi que tu fasses pour elle et pour cette petite, je suis désolée de te le dire, mais ça ne te rachètera pas auprès de Nathan. Il n’est plus là.

Lucas : Je sais. Il n’empêche que je suis désolé pour tout ce qu’il s’est passé et que j’aimerais vraiment faire quelque chose pour Eléa, pour palier à l’absence de son père et aussi pour toi, pour me faire pardonner de ne pas avoir été là.

Haley : Tu ne remplaceras jamais Nathan. Ni pour Eléa, ni pour Brooke, ni même pour moi. Et surtout tu ne rattraperas jamais tout ce temps où tu n’as pas eu simplement le courage de t’excuser.

Elle s’en alla le laissant là. En cet instant il comprit... Il comprit que Haley ne lui pardonnerait jamais.

Brooke rentra chez Déborah quelques jours plus tard. Les premiers jours furent très difficiles. Non seulement Brooke devait s’habituer à ce nouveau rôle de mère, mais elle devait aussi faire face aux coups de blues qui la prenaient quand elle regardait ce petit être. Elle emmena Eléa sur la tombe de son père pour la lui présenter et demander des conseils à Nathan. Même s’il ne pouvait bien évidemment pas lui répondre.

Le sentiment de Lucas que Haley ne lui pardonnerait jamais se confirma, quand il alla rendre des visites à Brooke et Eléa chez Déborah pendant les semaines qui suivirent l’accouchement. Etrangement, Haley s’arrangeait toujours pour avoir l’envie urgente de prendre une douche ou d’aller se balader ou encore de téléphoner à quelqu’un. Lucas savait bien que ce n’était que des excuses pour ne pas le voir, mais que pouvait-il y faire ? Cela le rendait pourtant très triste. Ce que Brooke remarqua.

Brooke : Je pensais vraiment que durant mon séjour ici j’arriverais à vous réconcilier.

Il arracha son regard de la petite qu’il tenait dans ses bras.

Lucas : Je l’avais espéré aussi. Lors de l’accouchement j’ai vraiment cru qu’elle allait me pardonner.

Brooke : Haley aura certainement besoin d’un déclic pour ça. Je sais que c’est un peu bizarre mais elle avait toujours besoin d’avoir l’avis, presque l’accord, de Nathan quand elle faisait quelque chose.

Il s’assit à côté de Brooke sur le canapé.

Lucas : Oui, elle a toujours été indécise, elle avait sans cesse peur de faire le mauvais choix c’est pour ça qu’elle venait toujours nous demander notre avis. Elle ne donnait pas facilement sa confiance aux autres par peur d’exposer son cœur à des souffrances.

Brooke hocha la tête pour approuver.

Lucas : Elle est vraiment jolie ta fille.

Brooke sourit.

Brooke : Je trouve qu’elle a ton sourire.

Lucas : Ah bon ?

Brooke : C’est normal, tu es son oncle. Et j’aimerais d’ailleurs que tu sois un peu plus que ça pour elle.

Il la regarda un peu surpris.

Brooke : Je sais que Nathan et toi étiez en froid mais j’ai cette intime conviction au fond de moi que Nathan aurait voulu que tu fasses partie de sa vie, de notre vie. Je suis sûre qu’il approuverait mon choix. Je voudrais te demander d’être le parrain d’Eléa.

Il sentit l’émotion l’envahir. Il regarda la petite qui dormait en tenant son gros pouce. Brooke sentit la tendresse qu’il ressentait pour cet enfant.

Lucas : Je ne sais pas si c’est une bonne idée Brooke.

Brooke : Pourquoi ?

Lucas : Parce qu’un parrain est censé être là pour l’enfant en cas de problème. Je ne crois pas mérité cet honneur, pas après ce que j’ai fait à son père.

Brooke : Eh, tu m’as aidé pendant l’accouchement. Haley et toi avez été là pour moi durant toute la grossesse, pour moi il n’y a aucun doute que vous ferez tous les deux d’excellents parrain et marraine.

Il sourit légèrement.

Lucas : Tu nommes deux personnes qui ne peuvent pas rester dans la même pièce, pour s’occuper de ta fille ?

Brooke : J’ai bon espoir que pour elle, vous arriviez à vous reparler. Accepte Lucas s’il te plait ?

Il jeta un regard à la petite.

Lucas : Ce serait un honneur.

Il prit la main de Brooke et lui déposa un baiser sur la joue.

Lucas : Merci Brooke… merci pour tout.

C’est à ce moment que la sonnette de la porte d’entrée retentit. Brooke alla ouvrir et eut la joie de voir Whitey, un bouquet de fleurs dans une main et un cadeau dans l’autre. Il tendit le tout à Brooke.

Whitey : Comment va la toute jeune maman ?

Brooke : Bien, entrez.

Quand il vit Eléa dans les bras de Lucas, le vieux coach eut beaucoup de mal à cacher son émotion. Brooke lui proposa de la prendre dans ses bras, mais en vieux bourru qu’il était il assura qu’il la casserait sans aucun doute s’il la touchait. Après que Brooke eut ouvert le cadeau et remercié Whitey, tous les trois s’assirent sur le canapé pour discuter.

Brooke et Haley restèrent encore un mois et demi avant que Brooke n’annonce à Déborah qu’elle voulait faire découvrir à Eléa la maison dans laquelle sa mère et son père avaient vécu. Brooke se disait prête à affronter ses souvenirs. Déborah en fut un peu triste mais elle l’accepta tout de même, remerciant Brooke de l’avoir laissée profiter de cette grossesse et des deux premiers mois de sa petite-fille.

Le jour du départ, Brooke et Haley bouclèrent leurs valises dans leurs chambres. Brooke gardait un œil attentif à Eléa tout en pliant les nombreuses affaires que Haley lui avait ramenées au fur et à mesure de ses allers et retours à Los Angeles. En deux mois la jeune maman avait appris à être aux aguets avec sa fille. Elle reconnaissait chaque respiration, chaque soupir, chaque mimique que sa fille faisait. Jamais elle n’avait pensé pouvoir connaître un autre être humain aussi bien. Jamais elle n’avait cru pouvoir aimer cet enfant à ce point. Elle l’aimait probablement encore plus à cause de l’absence de son père. Elle l’aimait aussi probablement encore plus pour compenser la vie qu’elle allait devoir lui offrir sans Nathan. Eléa avait été comme un remède miracle à sa douleur. Bien sûre Nathan lui manquait encore beaucoup, et il lui manquerait certainement jusqu’à la fin de ses jours, mais depuis la naissance de leur fille, elle se disait qu’elle devait tenir le coup pour elle. Elle avait eu peur que le fait de reconnaître en sa fille toute une partie de Nathan la fasse souffrir, mais à la place de ça, les yeux rieurs de la petite lui rappelait sans cesse les meilleurs moments de sa vie avec Nathan. Elle prit la petite dans ses bras et regarda par la fenêtre. Elle se demandait combien de fois Nathan avait pu faire ce même geste. Elle embrassa le front de sa fille adorée et entendit Lucas entrer derrière elle.

Lucas : Tu es prête ?

Elle se retourna vers lui.

Brooke : Oui, je crois.

Il prit les valises.

Lucas : Je t’attends en bas.

Elle hocha la tête. Avant qu’il ne sorte elle le regarda.

Brooke : Tu crois que Nathan a été heureux ?

Il s’arrêta, étonné de cette question. Il répondit après un léger silence.

Lucas : Pour sa vie à Los Angeles, je n’en doute pas. Pour sa vie à Tree Hill, j’espère vraiment que oui.

Il sortit après un sourire triste. Brooke se dirigea vers la chambre où Haley résidait mais celle-ci était vide. Elle décida donc de descendre et trouva les visages rassurant de personnes qu’elle ne connaissait que depuis peu mais qui, elle le savait déjà, lui manqueraient.

Brooke : Vous avez vu Haley ?

Deb vint prendre Eléa des bras de Brooke.

Deb : Elle est partie au cimetière dire au revoir à Nathan. Elle a demandé à ce que tu passes la prendre quand tu serais prête.

Brooke sourit.

Brooke : Haley déteste les au revoirs.

Lucas : Elle déteste aussi ceux à qui elle devrait dire au revoir.

La remarque sembla gêné tout le monde aussi Brooke décida d’abréger l’instant. Elle serra Karen dans ses bras en la remerciant et en lui promettant d’envoyer des nouvelles. Puis se fut au tour de Peyton. Quand elle approcha de Lucas, elle sentit une boule dans sa gorge. Il avait été si présent depuis la naissance d’Eléa qu’elle se demandait comment elle allait faire sans lui. Elle sentit ses yeux se remplirent de larmes.

Brooke : Tu viendras à Los Angeles ?

Il hocha la tête pour dire oui. Lui aussi avait une boule dans la gorge.

Lucas : Tu me promets que tu me l’amèneras de temps en temps ici ?

Brooke : Oui. C’est ici qu’est son père de toute façon.

Elle ferma les yeux pour retenir ses larmes.

Brooke : Merci pour tout ce que tu as fait Lucas.

Il ferma ses yeux à son tour sentant qu’elle allait vraiment lui manquer. Il la serra dans ses bras.

Lucas : C’est moi qui te remercie de m’avoir laisser entrer dans votre vie et partager un peu de ce que Nathan t’a laissé avant de nous quitter.

Cette fois la larme que Brooke retenait roula le long de sa joue.

Brooke : Tu vas me manquer.

Peyton regarda son petit ami et la fiancée de son ex défunt petit ami, enlacés avec une pointe de jalousie qu’elle pensa rapidement déplacée en cet instant. Malgré tout, elle fut soulagée de les voir se séparer. Brooke s’approcha de Déborah. Celle-ci embrassa sa petite fille d’une façon qui montrait à quel point ça lui déchirait le cœur de laisser l’enfant de son défunt fils s’en aller. Brooke dut comprendre sa douleur puisqu’elle lui prit la main.

Brooke : Déborah vous êtes la bienvenue à Los Angeles. Je crois que j’aurais besoin de vos conseils jusqu’à ce que je devienne grand-mère à mon tour.

Deb sourit. Elle tendit la petite à sa belle-fille et la serra dans ses bras.

Deb : Je serai là Brooke… pour elle et pour toi.

Brooke se recula et hocha la tête dans un sourire rassurant. Lucas ouvrit la portière arrière du 4x4 et Brooke installa la petite dans le siège qu’elle et Lucas avaient été acheté ensemble, s’assurant de la parfaite sécurité et simplicité de ce modèle. Brooke se recula et Lucas s’approcha pour donner un dernier baiser à sa nièce.

Lucas : Je t’aime Eléa Scott.

Il referma la porte et regarda le siège avant, celui du passager. Comme si elle lisait dans ses pensées Brooke posa une main sur son bras.

Brooke : Je suis désolée.

Lucas hocha la tête. Haley n’avait pas réussi à lui pardonner et il savait que le fait d’être de nouveau à 3000 km l’un de l’autre n’arrangerait rien. Mais qu’avait-il espéré au fond ? Que Haley soit là en cet instant et le prenne dans ses bras en disant qu’elle le pardonnait ? Oui, pour lui ça aurait été le parfait happy end, mais il avait l’impression que Dieu le punissait aujourd’hui pour toutes les fautes qu’il avait commises sept ans auparavant. Perdre son frère, perdre Haley… c’était son fardeau et il savait qu’il devrait vivre avec. Et pourtant, était-il possible que dans ce chaos il ait réussi à obtenir du seigneur, outre Peyton et Karen, une autre famille ? Seul l’avenir lui dirait s’il était condamné aussi à perdre Brooke et Eléa ou si sa belle-sœur tiendrait ses promesses.

Brooke grimpa dans la voiture et démarra après avoir jeté un dernier coup d’œil à cette famille qu’elle même n’avait jamais vraiment eu. Elle se rendit au cimetière, prit Eléa et rejoignit Haley qui était assise devant la tombe comme à son habitude. Brooke s’accroupit et tourna Eléa vers la tombe de son père.

Brooke : Tu es prête ?

Haley hocha la tête pour dire que oui.

Haley : J’ai hâte d’installer Eléa dans sa petite chambre.

Brooke : Oui, même s’il y a encore un peu de ménage à faire. Nathan n’a pas eu le temps de finir.

Haley : Kyle et Julian se feront un plaisir de venir t’aider. Ils ont encore appelé la semaine dernière pour savoir quand tu leur amènerais la petite championne.

Brooke sourit.

Brooke : Les collègues de Nathan sont vraiment adorables.

Haley : Ils adoraient Nathan… et ils t’adorent.

Il y eut un silence.

Brooke : J’ai l’impression de l’abandonner.

Haley la regarda et comprit qu’elle parlait de Nathan.

Haley : Tu sais bien qu’il ne le prendrait pas comme ça. Ce qui compte ce n’est pas l’endroit ou repose son corps, c’est la place qu’il tient encore dans le cœur de ceux qui l’aimaient.

Haley se leva et l’informa qu’elle l’attendait dans la voiture. Brooke la remercia par une caresse sur la main puis attendit que Haley fut éloignée pour s’adresser au marbre de la tombe ou plutôt à la personne qui était enterré en dessous.

Brooke : Je dois partir aujourd’hui. Même si je n’en ai pas vraiment envie. J’ai vécu huit mois ici, dans cette ville, dans ta famille… et je me dis que c’est vraiment dommage d’avoir une famille si exceptionnelle et d’être fâché avec eux. Oui tu sais que je parle de Lucas avant tout. Il aime Eléa tu sais. Pas seulement parce que c’est un amour ni même parce qu’il est son parrain. Il l’aime parce qu’elle est ta fille. Parce qu’il n’a pas su te montrer à quel point il t’aimait toi.

Une larme roula sur la joue de Brooke. La petite s’agita. Elle se leva et regarda la photo de son fiancé avec émotion.

Brooke : On reviendra, je te le jure.

Elle s’éloigna avec un pincement au cœur et le sentiment, de plus en plus envahissant à chacun de ses pas, de l’abandonner.

La route fut assez longue, surtout que Brooke et Haley durent s’arrêter plusieurs fois pour donner le biberon à la petite. Mais finalement dans la soirée, elles arrivèrent enfin à Los Angeles. Brooke avait demandé à Haley de dormir chez elle le soir-même pour se sentir moins seule. Haley avait accepté et heureusement parce que quand Brooke pénétra dans la maison, une profonde tristesse l’envahit.

Nathan et Brooke entrèrent dans la maison à la suite de l’agent immobilier qui s’occupait de leur trouver la maison de leurs rêves. L’extérieur leur avait semblé assez bien. Ils espéraient maintenant que l’intérieur correspondrait à leurs attentes. Au vu du grand salon dans lequel elle venait d’entrer, Brooke ne put s’empêcher d’ouvrir grand la bouche. La pièce était immense avec une grande baie vitrée qui donnait sur la piscine et aussi une magnifique cheminée en pierre dans un des coins. Visiblement Nathan pensait la même chose que sa petite amie puisqu’il avait exactement la même expression qu’elle. L’agent immobilier, décrivit quelques éléments clefs de la pièce et les invita à le suivre pour la suite de la visite. Brooke s’émerveilla à chacune des pièces. A la fin de la visite, l’agent immobilier leur laissa un peu de temps pour réfléchir. Ils s’isolèrent dans le jardin. Au bout d’un moment, Nathan se décida à prendre la parole.

Nathan : C’est une belle maison.

Brooke lui sourit.

Brooke : Oui, je trouve aussi.
Tous deux n’osaient avoué que c’était exactement la maison de leurs rêves. Nathan s’approcha d’elle.

Nathan : C’est marrant parce que je me verrais bien vivre ici.

Elle sourit.

Brooke : J’adore cette maison Nathan. Je crois vraiment que c’est l’endroit idéal pour fonder une famille…

Nathan :… Et vieillir ensemble.

Il l’embrassa.

Nathan : Je vois qu’encore une fois on est d’accord.

Elle hocha la tête et ils allèrent annoncer qu’ils prenaient cette maison.

Brooke posa le lit du bébé par terre. Haley posa les valises et s’approcha d’elle.

Haley : Je n’ai rien touché depuis ton départ. J’ai juste pris les quelques affaires que tu m’avais demandé.

Brooke hocha la tête et se dirigea vers la photo d’elle et Nathan qui était dans un cadre. Elle la caressa lentement avec sa main. Elle avait l’impression que ça faisait une éternité qu’elle n’avait pas remis les pieds ici. Et en même temps l’époque où elle et Nathan avaient aménagé cette maison lui semblait très proche.

Haley : Tu veux que j’emmène Eléa dans sa chambre ?

Brooke : Non, je vais la mettre dans ma chambre le temps que je fasse un peu de rangement.

Haley : Elle va dormir dans le couffin ?

Brooke se retourna.

Brooke : Je pense que ce serait plus pratique pour cette nuit.

Haley alla pour prendre le couffin dans lequel dormait Eléa quand Brooke lui indiqua qu’elle allait le faire. Haley se redressa.

Haley : Tu as faim ?

Brooke : Oui. Il doit y avoir des pizzas dans le congélateur.

Haley se dirigea vers la cuisine. Cette maison lui semblait si froide. Elle avait l’impression d’être auprès d’un corps sans âme. Brooke monta à l’étage avec le bébé. Elle poussa la porte de la chambre et alluma la lumière. Le somptueux lit à baldaquin occupait toujours le centre de la pièce. De chaque côté il y avait des tables de chevet sur lesquelles trônaient deux réveils et deux lampes. Sur l’une d’elle reposait un livre de Guy de Maupassant que Brooke avait commencé huit mois plus tôt. Et sur l’autre il y avait un roman de René Barjavel, Une rose au paradis. Brooke l’avait offert à Nathan pour Noël dernier. Le jeune homme le lisait tous les soirs avant sa mort. Elle se dirigea vers cette table, posa le couffin sur le lit et attrapa le livre. Un vieux ticket de cinéma servait de marque page. En y regardant bien Brooke vit qu’il datait de 2004. Leur premier cinéma ensemble. Le film avait été ennuyeux à mourir, mais la soirée avait été aussi formidable que toutes celles qu’ils avaient passés ensemble. Elle regarda le livre. Un chapitre, il restait un seul chapitre avant la fin du livre. Nathan ne connaîtrait donc jamais le dénouement de l’histoire. Voilà ce qu’elle craignait en revenant ici. Découvrir qu’il y avait un tas de choses que Nathan avait mis en suspens, n’avait pas eu le temps de finir, ou même de commencer. Sa gorge se noua. Elle entendit la voix de Haley au rez-de-chaussée lui demander si tout allait bien. Elle sembla reprendre ses esprits. Elle posa le couffin par terre, ferma les volets de la chambre et demanda à Haley de lui apporter le baby phone qui était dans son sac. Son amie fouilla longuement dans les affaires et monta lui apporter l’objet en question. Brooke le plaça à côté du couffin, sur la table de chevet de Nathan et prit l’autre dans sa main. Elle s’assit de nouveau sur le lit et regarda sa fille dormir. Haley vit de la tristesse dans ses yeux. Elle vint à côté d’elle.

Haley : Es-tu sûre de ne pas vouloir qu’on aille dans mon appartement ?

Brooke hocha la tête.

Brooke : Il faudra bien que je m’habitue à son absence. Cette maison c’était celle dont on rêvait pour élever nos enfants, je ne veux pas en changer.

Haley : Oui, mais de nuit ça paraît encore plus dur.

Brooke : Je ne crois pas vraiment que ça soit la nuit qui fasse cet effet. Il n’est plus là, et c’est ça qui est dur.

Haley lui caressa le bras tendrement. Brooke lui prit la main et hocha la tête pour dire que ça irait, qu’elle surmonterait tout ça.

Brooke : Je vais appelé Déborah pour la prévenir que nous sommes arrivés.

Elle descendit en laissant Haley ici. Elle regarda longuement sa filleule avant de redescendre pour surveiller la cuisson de la pizza. Elles mangèrent silencieusement comme si maintenant que Nathan n’était plus là le silence s’imposait. Après cela, elles montèrent se coucher. Haley prit la chambre d’amis, celle qu’elle avait l’habitude d’occuper après les longues soirées arrosées qu’ils se faisaient tous les trois. Brooke ne parvint pas à trouver le sommeil. Chaque fois qu’elle fermait les yeux elle s’imaginait à côtés de son fiancé, sa main caressant amoureusement son épaule. Vers 3 heures du matin, n’en pouvant plus de ces visions elle décida de se lever pour aller boire un verre d’eau. Elle se dirigea vers l’escalier quand elle passa devant la porte de la chambre du bébé. Elle la poussa et regarda cette petite chambre éclairée seulement par les rayons de la lune. Elle s’adossa contre le chambranle de la porte et regarda le berceau qui était dans le milieu. Dés qu’il avait appris la nouvelle Nathan avait peint les murs d’une couleur verte pastelle qu’il disait neutre et avait acheté ce berceau.

Brooke entra dans la chambre du bébé et trouva Nathan assis par terre, un marteau dans une main et une notice d’installation dans l’autre. Elle sourit.

Brooke : Tu ne trouves pas qu’il est un peu tôt pour monter son lit ?

Il tourna la tête vers elle puis sourit.

Nathan : Il n’est jamais trop tôt. Il pourrait arrivé plus vite que prévu.

Elle rit en s’approchant de lui.

Brooke : Je ne suis qu’au deuxième mois.

Nathan : Et bien, mieux vaut être très en avance que très en retard.

Brooke : C’est vrai qu’au train où tu le montes ce berceau, le bébé sera arrivé avant que tu n’aies fini.

Nathan : Ne te moques pas de moi Brooke Davis !

Elle s’accroupit à côté de lui et l’enlaça.

Brooke : Je n’oserais pas, tu es beaucoup trop craquant en papa bricoleur.

Il posa son marteau et l’enlaça à son tour.

Nathan : Tu crois qu’on sera de parfaits parents ?

Elle hésita.

Brooke : Je crois que personne n’est parfait. Tout ce qui compte c’est qu’on aime cet enfant. Et quand je vois à quel point je t’aime toi, je sais que j’aimerai notre enfant à la folie. Cet enfant, c’est un peu de toi et de moi, une incarnation parfaite de notre amour.

Nathan : Ce rôle de maman t’iras à merveille.

Brooke : Tu seras pas mal non plus en papa poule.

Il sourit et l’embrassa tendrement.

Brooke entendit à peine Haley arriver. Elle se glissa derrière elle et l’enroula de ses bras en posant sa tête sur son épaule. Brooke sourit.

Haley : Eléa sera bien dans cette chambre.

Brooke : Oui, il faut juste que je fasse un peu de rangement dans le placard et que je monte les autres meubles.

Haley : On le fera demain si tu veux.

Brooke hocha la tête. Haley se plaça à côté d’elle.

Haley : Tu as du mal à dormir ?

Brooke : Un peu. C’est dur d’être dans ce lit sans lui. C’est vrai qu’il passait souvent des nuits à l’autre bout du pays pour ses matchs mais…

Haley : Ce n’était pas pareil, tu savais qu’il serait là la nuit suivante.

Brooke : Ouais.

Haley : Tu veux que je dormes avec toi ?

Elle réfléchit un instant.

Brooke : Oui, je veux bien.

Elles retournèrent toutes les deux dans la chambre de Brooke et se glissèrent sous les couvertures. Brooke parvint à trouver le sommeil vers 4h30 et les cris d’Eléa la réveillèrent deux heures plus tard. La petite faisait ses nuits depuis une semaine à peine, mais pour Brooke qui était une grande dormeuse, ces nuits étaient beaucoup trop courtes. Elle prit la petite et descendit pour lui préparer son biberon

Les semaines passèrent rapidement, Brooke s’occupait beaucoup d’Eléa. Elle l’avait emmenée voir les collègues de basket de Nathan. Ils s’étaient montrés très doux avec elle. Elle essayait aussi jour après jour de dessiner mais elle avait beaucoup de mal. Elle avait demandé à Haley de retourner chez elle, elle disait vouloir tenter de retrouver une vie normale. Et elle semblait arriver à être cette parfaite maman qu’elle rêvait d’être. Bien sûre les conseils de Déborah qu’elle avait quasiment tous les jours au téléphone n’y étaient pas pour rien.

Un jour Haley vint rendre visite à Brooke. Au moment de la sieste, Haley proposa d’aller coucher la petite. Elle la mit dans son lit et vit le placard ouvert. Elle se souvint alors qu’elle avait promis à Brooke de l’aider à le ranger. Elle descendit et retrouva Brooke en train de préparer une machine à laver. Haley s’assit sur le sèche-linge.

Haley : J’ai vu que le placard de la chambre d’Eléa était ouvert. Tu as fait du rangement ?

Brooke la regarda tout en continuant à trier le linge.

Brooke : En faite, j’ai commencé et je me suis rendue compte que la plupart des objets qui étaient entassés dedans étaient à Nathan. Ce sont des choses qu’il avait ramenées de votre appartement. J’avoue que voir tout ça m’a fait trop de mal pour pouvoir continuer. Je sais pourtant que je ne peux pas perpétuellement mettre les affaires d’Eléa sur la chaise, surtout qu’avec tous les cadeaux que j’ai reçus, ça s’entasse.

Brooke referma la machine et regarda Haley.

Brooke : Je n’ai pas le courage. Il y a encore tellement de choses que je n’arrive pas à faire. Je n’ai même le cran de rester plus de quelques secondes dans sa salle de sport.

Haley : Je peux faire tout ça si tu préfères.

Brooke : Je ne veux pas que ce soit toi qui souffres à ma place.

Haley : Il faut bien le faire Brooke, toi tu es déjà bien assez courageuse pour vivre au quotidien dans cette maison qui est imprégnée de son souvenir. Je vais ranger ce placard.

Elle ouvrit la bouche pour dire quelque chose puis la referma avant de dire :
rooke : Merci.

Haley attendit alors deux heures qu’Eléa se réveille puis elle prit quelques cartons qui étaient dans le garage et commença à vider le placard pendant que Brooke s’occupait de sa fille. Au fur et à mesure qu’elle retirait les objets, son cœur se serrait. La plupart des choses provenaient de l’époque où Nathan et elle vivaient ensemble. Des vieux livres, un carnet à dessin qu’il avait acheté lors de sa période artistique, un jeu d’échecs, des bibelots divers qu’il tenait absolument à entreposer dans le salon. Haley eut un sourire quand elle vit cette horrible statue qu’il avait achetée lors des premières vacances qu’il s’était offert à lui et à Haley au Mexique avec son premier cachet. Elle la mit alors de côté et bien qu’elle avait en horreur cette statue, elle décida de demander à Brooke si elle pouvait la garder. Alors que l’armoire se vidait petit à petit pour remplir les cartons Haley tomba sur une boîte tout en haut. Elle grimpa sur un tabouret et descendit l’objet de sa curiosité lentement. Elle s’assit par terre et l’ouvrit. Elle était remplie de lettres. Haley en saisit une en se demandant si ça n’était pas un peu trop impoli. Son cœur s’arrêta de battre quand elle vit l’adresse qui était inscrite dessus. Lucas Scott. Elle resta plusieurs minutes à fixer ce nom. Puis elle souleva les lettres les unes après les autres pour vérifier les adresses. Elles étaient toutes pour Lucas. Nathan avait donc écrit à son grand frère, visiblement, sans jamais lui envoyer les missives. Haley n’en revenait pas, Nathan semblait être tellement détaché de son passé. Et elle découvrait aujourd’hui que pendant sept ans, il n’avait pas vraiment oublié son frère. Une larme coula sur sa joue. Pourquoi Nathan ne lui en avait pas parlé ? Pourquoi avait-il caché ces lettres. Et que pouvait-il donc dire à Lucas dans celles-ci ? Elle tourna l’une d’elle et hésita. Avait-elle vraiment le droit de lire les mots de Nathan pour son frère ? A une époque elle n’aurait pas hésité, mais le fait que Nathan lui ait caché l’existence de ces lettres, la bloqua. Elle resta un long moment à regarder la boîte en ne sachant que faire. Au bout d’un moment elle décida que le mieux à faire était d’en parler à Brooke. Elle attrapa la boite et descendit. Brooke était assise autour de la table en train de dessiner tout en surveillant Eléa dans son siège. Haley s’assit face à elle, en posant la boîte devant elle. Brooke releva la tête et quand elle vit les yeux rougis de Haley, elle se sentit coupable de l’avoir envoyée dans les souvenirs de Nathan à sa place.

Brooke : Je me doutais que c’était une mauvaise idée.

Haley la fixa un instant, puis elle poussa la boîte vers elle.

Haley : J’ai trouvé quelque chose qu’il faut que tu voies.

Brooke la dévisagea puis attrapa les lettres dans la boîte. Elle sembla toute aussi étonnée que Haley de voir l’adresse sur les enveloppes. Il y avait une quinzaine de lettres dans cette boîte. Il y eut un long silence pendant lequel Brooke regarda les lettres les unes après les autres.

Brooke : Alors Nathan avait écrit à Lucas ?

Haley : Apparemment. Mais il ne les a pas envoyées.

Comme Haley un peu plus tôt, Brooke tourna l’enveloppe en hésitant à l’ouvrir. Elle regarda Haley.

Brooke : Tu les as lu ?

Haley hocha la tête pour dire que non.

Haley : Je ne sais pas si on en a le droit.

Brooke : Tu as raison, je crois que c’est à Lucas que revient ce droit.

Haley la regarda ne sachant que répondre.

Haley : Oui, je pense que c’est ce que Nathan aurait voulu. Même si je n’arrête pas de me demander pourquoi il les a écrites sans les lui envoyer.

Brooke : Je crois que tous les trois vous n’avez pas osé faire le premier pas parce que vous aviez peur. Vous aviez peur de la réaction de chacun.

Haley sentit les larmes monter aux yeux.

Haley : On a été vraiment stupide.

Brooke se leva et vint s’agenouiller devant elle.

Brooke : Ce n’est pas de la stupidité, tu protèges ton cœur. Mais tu sais aussi bien que moi, que ce que tu reproches à Lucas n’est pas juste. Ne fais pas la même erreur que Nathan, n’enferme pas tes sentiments dans une boite que tu cacheras jusqu’à ce qu’il soit trop tard.

Brooke lui prit les mains.

Brooke : Pourquoi tu n’irais pas jusqu’à Tree Hill remettre ces lettres en main propre à Lucas ?

Haley semblait un peu perdue.

Lucas était d’humeur morose depuis le départ de Haley et Brooke. Peyton était jalouse de voir que le seul moment où il souriait était quand il téléphonait à Brooke. Etait-ce vrai que son petit ami était systématiquement attiré par les copines de son frère ? Cette question hantait tellement l’esprit de Peyton que chaque prétexte était bon pour le faire remarquer à Lucas. Or celui-ci avait de moins en moins la force de rassurer sa petite amie. Après une énième dispute, il se rendit sur la tombe de son frère. C’était son refuge dorénavant, tout comme le terrain de basket l’était à l’époque où son frère n’était pas à Tree Hill. L’après-midi touchait à sa fin et le ciel prenait une teinte orangée à cause du couché du soleil. Lucas était resté près d’une heure debout face à la tombe de Nathan. C’est comme si la "présence" de son petit frère l’apaisait. Alors qu’il était en train de réfléchir à ce qu’il allait dire à Peyton en rentrant, il entendit des pas dans l’allée. Il tourna la tête et eut la surprise de voir Haley face à lui.

Haley : Bonsoir.

Elle tenait entre ses mains gantées une petite boîte.

Lucas : Haley ?

Elle s’approcha un peu plus de lui. Il ne l’avait pas revue depuis la clinique ou tout du moins il n’avait fait que l’apercevoir. En cet instant il la trouva ravissante emmitouflée dans son manteau.

Haley : Je pensais te trouver sur le terrain de basket.

Lucas : Je… je préfère venir ici maintenant.

Haley sourit légèrement.

Haley : C’est pourtant glauque comme endroit.

Il sourit à son tour avant de reprendre son sérieux.

Lucas : Ouais, mais c’est ici que repose mon frère.

Il la regarda.

Lucas : Brooke et Eléa n’ont pas de problèmes au moins ?

Elle sembla surprise.

Haley : Non.

Puis elle comprit pourquoi il lui avait posé cette question. Elle n’avait toujours pas justifié sa présence. Elle regarda la boîte qu’elle tenait dans ses mains puis lui tendit presque à contrecœur. Il la saisit avec hésitation, et lança un regard plein d’interrogation.

Haley : J’ai trouvé ça en faisant du rangement dans le placard de la chambre d’Eléa.

Il attendit la fin de l’explication avant d’ouvrir la boite et de découvrir les lettres.

Haley : J’ignore pourquoi Nathan ne te les a jamais fait parvenir, ni même ce qu’elles contiennent d’ailleurs. J’ai mis le temps, mais j’ai compris que tu avais souffert toi aussi et que tu avais certainement besoin de savoir que Nathan t’aimait.

Il la regarda.

Lucas : Tu les as lu ?

Haley : Non.

Lucas : Alors comment sais-tu que dans ces lettres il me dit qu’il m’aimait ?

Haley : Je n’en sais rien, l’intuition.

Elle regarda la tombe de son ami puis releva de nouveau les yeux vers Lucas.

Haley : En faite, non, je te mens en te disant cela.

Il la regarda en fronçant les sourcils.

Haley : Ce n’est pas sur mon intuition que je me base, c’est sur mes sentiments.

Il y eut un silence. Dire ce genre de choses à Lucas était devenu très difficile pour Haley. En faite non, ça n’était pas devenu, ça avait toujours été dur. Haley n’avait aucun mal à dire à Nathan qu’elle l’aimait parce que c’était de l’amitié, comme de dire « je t’aime » à son frère. Mais ce qu’elle ressentait pour Lucas avant de partir pour Los Angeles était bien plus que ça, et comme bien souvent l’amour compliquait tout. Aujourd’hui ça n’était plus de l’amour qu’elle éprouvait pour lui. En faite elle était passée par tellement de sentiments contradictoires qu’elle ne savait plus vraiment ce qu’elle éprouvait pour lui : haine, déception, nostalgie, amitié, tendresse. Elle décida pourtant qu’elle devait mettre au clair tout ce que son cœur lui disait, et la meilleure façon était de l’exprimer.

Haley : Au fond de moi j’ai toujours su que Nathan s’en voulait de n’avoir pas su te pardonner. Et j’ai l’impression que dans un sens, je ne l’ai pas vraiment aider à faire le premier pas vers toi. J’ai même plutôt l’impression d’avoir tout fait pour qu’il ne te pardonne pas. Et je m’en veux.

Sa gorge commençait à se serrer, mais le visage apaisant de Lucas l’incita à continuer.

Haley : Je voulais qu’il t’en veuille autant que je t’en voulais. Ou du moins que je désirais t’en vouloir. La vérité Lucas tu la connais aussi bien que moi maintenant. Je te tenais pour responsable de ce qui m’étais arrivé ce soir là…

Lucas : Et tu as eu raison, tout ça c’est ma faute.

Elle releva vers lui son regard plein de larmes.

Haley : Non, ce n’est pas vrai. Tout ça n’était pas à cause de toi, mais j’ai voulu te rendre responsable parce que c’était plus facile pour moi de me dire que tu m’avais lâchement abandonné pour être avec Peyton plutôt que de reconnaître que les sentiments que je ressentais pour toi n’étaient pas partagés.

Lucas : Pourtant je t’ai toujours montré que j’étais là, que tu comptais pour moi.

Haley : Mais tu n’étais pas amoureux de moi…

Il secoua la tête lentement pour dire que non.

Lucas : Il n’empêche que j’aurais du être là pour toi.

Elle s’approcha encore plus prêt de lui.

Haley : Tu l’as dit toi-même, il y a un moment où il fallait qu’on vive nos vies.

Elle le regarda droit dans les yeux.

Haley : Tu ne pouvais rien changer. Ni ce qui m’est arrivé, ni même les sentiments que tu avais pour Peyton .

Les yeux de Lucas se remplirent de larmes à leur tour.

Lucas : Ca aurait pourtant dû se passer autrement.

Haley : On fait tous des erreurs. Et malheureusement, on ne peux rien changer au passé. Mais peut-être qu’on peut apprendre de nos erreurs pour changer l’avenir.

Elle caressa de sa main les enveloppes qui étaient dans la boîte.

Haley : Je ne sais pas exactement ce qu’il y a d’écrit dans ces lettres, mais j’ai ma petite idée, et si Nathan pouvait te pardonner, je sais que je peux le faire aussi.

La larme qui menaçait de couler depuis quelques minutes roula le long de la joue de Lucas.

Lucas : Et si ce n’est pas son pardon qu’il me donne dans ces lettres ?

Haley : Et bien, dans ce cas, je ne veux pas faire la même erreur et mourir avec ce regret.

Il la serra fort dans ses bras. Haley éclata en sanglots. Mais c’était sa façon d’évacuer sept ans de frustration et de douleur. Sept ans pendant lesquels elle avait désiré cet instant sans jamais l’avouer. Lucas lui-même pleura comme un bébé. Sa meilleure amie lui avait manqué terriblement, et malgré l’amour que lui portait Peyton, jamais elle n’avait pu réussir à combler ce manque que Haley avait laissé en partant. Ils restèrent ainsi pendant de longues minutes à pleurer sous le regard bienveillant de Nathan, dont la photo sembla s’illuminer d’un sourire plus grand.

FIN

EPILOGUE

Brooke était dans la cuisine, en train d’allumer l’unique bougie qui était disposée sur le gâteau. Une fois, qu’elle eut finit, elle prit le plat et alla dans la salle à manger. Elle éteignit la lumière d’un coup de coude au passage et se mit à chanter « Joyeux anniversaire… » Des voix s’élevèrent et reprirent en chœur derrière elle. « Joyeux anniversaire… joyeux anniversaire Eléa… joyeux anniversaire ». Brooke posa le gâteau devant sa fille qui était pour l’occasion vêtue d’une magnifique robe bleue.

Brooke : Souffle ma chérie.

La petite la regarda se demandant ce qu’elle devait faire. Lucas qui était assis à côté d’elle, posa son bras derrière elle sur la chaise et se pencha vers sa nièce.

Lucas : Il faut que tu fermes les yeux et que tu souffles sur la bougie. On le fait ensemble si tu veux ?

Il se pencha et commença à souffler doucement. Eléa hésita un instant puis en fit autant. La bougie s’éteignit et tout le monde applaudit.

Brooke : Bravo ma chérie.

Brooke remmena le gâteau dans la cuisine pour le couper, mais avant elle se retourna et jeta un coup d’œil vers le tableau de famille qui se présentait devant elle. A la droite de la petite se trouvait Lucas. Il jouait avec elle au nouveau jeu qu’il venait de lui offrir. A côté de lui, Peyton discutait avec Karen tout en jetant quelques regards attendris à Lucas. Elle trouvait rassurant qu’il soit si tendre et attentif au bien-être de la petite parce que son ventre arrondi annonçait l’arrivée prochaine d’un nouveau Scott. Lucas était d’ailleurs fou de joie d’être prochainement papa. Karen aussi se faisait un plaisir d’être bientôt mamie, parce que d’après Déborah, c’était la plus belle expérience au monde, après celle de donner soit-même la vie bien sûre. Déborah était d’ailleurs en train de prendre tout un tas de photos de sa petite fille. Elle la voyait plutôt régulièrement, puisque Brooke essayait de l’inviter au maximum à venir à Los Angeles, et tâchait elle-même de venir aussi souvent qu’elle le pouvait à Tree Hill. Les un an de la petite avait été l’occasion idéale de rassembler tout le monde dans la maison de Déborah. Haley avait même interrompue la promotion de son nouveau disque pour être de la fête. Elle avait d’ailleurs amené son petit ami pour l’occasion. Un musicien d’un groupe pas très connu mais qui était adorable et avec qui elle partageait une complicité qui faisait chaud au cœur. Elle jouait elle aussi avec Eléa tout en taquinant Lucas. Ils avaient retrouvé une vraie complicité pour le bonheur de tout le monde et particulièrement de Brooke. Haley regarda Lucas.

Haley : Tu ne m’as jamais dit ce qu’il y avait écrit dans ces lettres.

Il releva la tête vers elle et eut un sourire mystérieux.

Lucas : Je croyais que ça t’était égal.

Elle sourit à son tour avec un air d’enfant.

Haley : Tu sais à quel point je suis curieuse.

Il hocha la tête puis se redressa pour se rapprocher d’elle au-dessus d’Eléa.

Lucas : Si je te le dis, tu me jures d’accepter ce que Peyton et moi on a à te demander ?

Elle le regarda suspicieuse. Il attendit qu’elle réponde.

Haley : Je crains le pire.

Lucas : Tu as raison parce que ce qu’on va te demander risque de te coûter pas mal d’argent, surtout quand je voix à quel point tu gâtes Eléa.

Cette fois elle commença à voir où il voulait en venir.

Haley : Lucas… ?

Lucas : Tu acceptes d’être la marraine de notre enfant ?

Elle sentit les larmes lui monter aux yeux. Les conversations c’étaient tûtes se suspendant aux lèvres d’Haley. Elle jeta un coup d’œil à Peyton se demandant si elle approuvait le choix de Lucas. Elle lui sourit.

Peyton : Ca nous ferait vraiment plaisir.

Haley sourit.

Haley : Alors ce sera avec joie.

Elle se leva pour embrasser Peyton et prit Lucas dans ses bras.

Haley : Merci.

Lucas : C’est normal.

Elle se recula en essuyant ses larmes.

Haley : Maintenant tu me dis ce que Nathan t’as écrit ?

Lucas éclata de rire puis repris son sérieux et chuchota à l’oreille de sa meilleure amie.

Lucas : Qu’il nous aimait… et qu’il aimerait que nos familles soient réunies un jour.

Elle le regarda dans les yeux et l’enlaça à nouveau, heureuse d’avoir retrouvé son meilleur ami. Déborah s’approcha de Brooke qui semblait émue en regardant le parrain et la marraine de sa fille être réunis en ce jour.

Deb : Tu as besoin d’un coup de main ?

Brooke lui fit un sourire.

Brooke : Avec plaisir.

Elles allèrent à la cuisine et Déborah sortit les assiettes qu’elle posa sur la table pendant que Brooke coupait le gâteau.

Deb : La robe que porte Eléa est magnifique.

Brooke : Elle fait partie de la nouvelle collection pour enfant que je dessine actuellement.

Deb : C’est bien que tu aies décidé de reprendre ta société en main.

Brooke hocha la tête.

Deb : Nathan serait fier de toi.

Brooke la regarda et sentit ses yeux se remplirent de larmes. Cela faisait un an et demi que Nathan les avait quitté. Brooke allait mieux, mais elle savait que son cœur serait à jamais endolori par la perte de son unique amour. Néanmoins elle se battait chaque jour pour sa fille. Déborah prit la main de sa belle-fille.

Deb : Pas de larmes aujourd’hui, on savoure juste ce moment.

Brooke : Tu as raison Déborah.

Lucas passa la tête par la porte.

Lucas : Whitey vient d’arriver, j’ai mis l’appareil photo en place, vous venez ?

Elles approuvèrent et laissèrent ce qu’elles étaient en train de faire pour rejoindre les autres au salon. Elles prirent place à côté de Peyton et Lucas mit l’appareil en marche.

Lucas : Faites un beau sourire.

L’appareil se déclencha, immortalisant à jamais cette scène de bonheur. Oui, Brooke avait perdu l’homme qu’elle aimait, mais heureusement, elle avait trouvé des amis qui l’aimaient, et qui l’aidaient chaque jour un peu plus. Elle n’oublierait jamais Nathan certes, mais surtout elle n’oublierait jamais que grâce à lui elle avait enfin trouvé une famille.